MONSIEUR DUDRON

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Sur l’Acropole: Introduction

    L’ami de Monsieur Dudron ayant fini de lire l’article d’Isabella Far sur la forme se tut. Monsieur Dudron se taisait aussi. Il ralluma sa pipe et puis se leva et alla payer au comptoir la bouteille de vin. Ensuite il revint auprès de son ami et lui proposa de sortir et de faire un bout de chemin ensemble.
« Très volontiers, cher collègue, répondit son ami ; je veux bien vous accompagner un bout de chemin. Il fait une soirée magnifique, tranquille et tiède. Après avoir lu ce très bel article sur la forme, je tiens à vous raconter encore quelque chose de très intéressant qui n’est pas en relation directe avec la peinture, mais qui quand même vaut la peine d’être entendu par un homme comme vous qui, à un esprit éminemment concret d’artisan supérieur, unit une âme profonde de poète et de métaphysicien. Vous savez donc, mon cher ami, que près de la ville, ou plutôt à côté de la ville où j’habite, se trouve une hauteur, une espèce de colline qui, d’un côté est limitée par des rochers, espèces de falaises aux profils d’apôtres gothiques, qui surplombent l’étendue blanche des maisons de la ville, et de l’autre côté consiste en une pente douce descendant du sommet jusqu’à la plaine. Sur cette colline on voit les silhouettes blanches de temples, de sanctuaires et d’autres anciens monuments; ce sont plutôt les silhouettes de ce qui reste de ces monuments, car ils sont tous plus ou moins ruinés et leurs ruines jonchent le sol à côté des parties restées encore debout. Le soir, quand l’air est clair et que la lune baigne de sa douce lumière l’acropole endormie, le spectacle est tellement suggestif, tellement prenant, on a tellement la sensation que là-haut existe un autre bonheur, d’une profondeur difficile à exprimer, que là-haut règne une sérénité que seuls les grands poètes et les grands penseurs se promenant lentement sous les arbres du Paradis païen doivent connaître, enfin on a l’impression d’une atmosphère tellement différente de tout ce qui nous entoure, que plus d’une fois j’ai été tenté de passer là-haut toute une nuit, une nuit de pleine lune, seul, au milieu des ruines, ayant à mes pieds la ville plongée dans le repos nocturne et sur ma tête la vaste voûte de l’éternel ciel.

Sull’Acropoli: Introduzione

    L’amico del Signor Dudron, avendo terminato la lettura dell’articolo di Isabella Far sulla forma, tacque. Anche il Signor Dudron rimase in silenzio. Egli riaccese la sua pipa e poi si alzò ed andò a pagare la bottiglia di vino al banco. Poi ritornò dal suo amico e gli propose di andare via e di fare un pezzo di strada insieme.
«Molto volentieri, caro collega, – rispose il suo amico – con piacere l’accompagno per un pezzo. È una serata magnifica, tranquilla e tiepida. Dopo aver letto questo bellissimo articolo sulla forma vorrei davvero raccontarLe ancora qualche cosa di assai interessante che non è in relazione diretta con la pittura ma che merita lo stesso essere inteso da un uomo come Lei che ha uno spirito eminentemente concreto d’artigiano superiore unito ad un’anima profonda da poeta e metafisico. Lei sa certamente, mio caro amico, che nei pressi, o meglio, al lato della città dove io abito si trova una altura, una specie di collina che da una parte è chiusa da rocce simili ad una scogliera dai profili di apostoli gotici a strapiombo sopra la bianca distesa delle case della città, e dall’altra parte è formata da un pendio dolce che scende dalla sommità fino alla pianura. Su quella collina si vedono le sagome bianche di templi, di santuari e di altri monumenti antichi; sono piuttosto i contorni di quel che rimane di questi monumenti perché essi sono tutti più o meno in rovina, ed i loro ruderi giacciono sul suolo accanto alle parti rimaste ancora in piedi. La sera quando l’aria è limpida e quando la luna bagna con la sua luce dolce l’acropoli addormentata, lo spettacolo è talmente suggestivo, talmente avvincente, si ha talmente la sensazione che lassù esista un’altra felicità, di una profondità difficilmente esprimibile, che lassù regni una serenità che solamente i grandi poeti ed i grandi pensatori, passeggiando lentamente tra gli alberi del Paradiso pare possano conoscere, insomma si ha l’impressione di un’atmosfera talmente differente da tutto ciò che ci circonda, che più di una volta sono stato tentato di passare lassù tutta la notte, una notte di luna piena, solo, in mezzo ai ruderi, con ai miei piedi la città immersa nel riposo notturno e sopra la mia testa la vasta volta dell’eterno cielo.

Varianti

Un’altra versione dell’incipit si trova nel Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c. Per la versione integrale si rimanda all’Appendice 9.

Sur l’Acropole: Le désir

    « Bien des fois j’ai visité cette acropole et j’y ai passé des heures inoubliables à me perdre en rêveries et en méditations de toutes sortes devant ces restes sublimes d’un glorieux passé. Mais, voilà, chaque fois cela se passait en plein jour, au milieu de la foule des touristes et des visiteurs, sous le regard irritant des gardiens et ce que je voulais, le rêve que je caressais, était d’y passer toute une nuit, une belle nuit de lune, complètement seul. Cependant ce n’était pas une chose facile car après le coucher du soleil on ferme les grilles de l’entrée comme on ferme les portes d’un musée.
« Cette acropole, en effet, est maintenant considérée tout à fait comme un musée, et non un lieu de poésie et de méditation où chacun pourrait entrer librement, comme dans une église.
« Au temps où mon père vivait l’entrée de l’acropole était libre aussi bien pendant le jour que pendant la nuit. Aujourd’hui c’est changé. Il faut payer une entrée pendant le jour, et la nuit, pour forte que soit votre envie d’y aller, il n’y a rien à faire; il faut que vous y renonciez. On a dit qu’on a fait cela à cause des couples d’amoureux qui y allaient pendant la nuit et se livraient au milieu des restes vétustes à des ébats très peu chastes. C’est sûrement vrai, mais il n’y avait qu’à y mettre quelques gardiens sévères chargés de la vigilance nocturne et menacer d’une forte amende et même de quelques mois de prison ceux qui auraient transgressé les règlements, et qui par leur attitude auraient offensé la morale.

Sull’Acropoli: Il desiderio

    Tante volte ho visitato quella acropoli, e tante ore indimenticabili vi ho passato, perdendomi in fantasticherie e meditazioni di ogni genere davanti a quei resti sublimi di un passato glorioso. Ma ogni volta questo è successo in pieno giorno, in mezzo alla folla dei turisti e dei visitatori, sotto gli sguardi irritanti dei guardiani, mentre quello che io desideravo, il sogno che accarezzavo era di passarvi tutta una notte, una bella notte di luna, completamente solo. Questo però non era una cosa facile perché dopo il tramonto i cancelli dell’ingresso venivano chiusi come si chiudono le porte di un museo.
Infatti quella acropoli è ora considerata esattamente come un museo e non un luogo di poesia e di meditazione dove ognuno possa entrare liberamente come in una chiesa.
Ai tempi di mio padre invece l’accesso all’acropoli era libero tanto di giorno quanto di notte. Oggi questo è cambiato. Bisogna pagare l’ingresso durante il giorno, e durante la notte, per quanto forte possa essere il desiderio di andarvi, non c’è niente da fare, bisogna rinunciarvi. Dicono che ciò sia stato fatto a causa delle coppie di innamorati che vi andavano durante la notte ed in mezzo a quei ruderi vetusti si abbandonavano a sollazzi assai poco casti. Ciò è certamente vero, ma bastava mettervi alcuni guardiani severi destinati alla vigilanza notturna e minacciare una forte multa o perfino qualche mese di prigione per coloro che avessero trasgredito ai regolamenti o offeso col loro atteggiamento la moralità

Varianti

Esistono differenti racconti della visita all’Acropoli. La versione qui riportata è tra le prime realizzate e in seguito sostituita. Il motivo del caffè in periferia e dei versi poetici ricorrono anche nel passo intitolato I Vecchi Dei pubblicato nel volume di Ezio Gribaudo, De Chirico com’è, Edizioni d’Arte Fratelli Pozzo, Torino 1970.

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    Invité par Monsieur Dusdron, le jeune peintre s’assit et après lui avoir demandé des nouvelles de sa santé et de la santé de ses parents et amis il alluma une cigarette et après une pause, comme s’il voulût se recueillir il dit: “Vous ne pouvez vous imaginer, mon cher ami, combien je suis heureux depuis une semaine; mon esprit vague continuellement dans un ciel de poésie sublime et j’ai l’impression qu’une grande richesse idéale est entrée en moi. C’est que il y a juste une semaine j’ai réussi à réaliser un des plus beaux rêves de ma vie; vous connaissez sans doute cette acropole qui à cinquante kilomètres d’ici dresse contre le ciel la blancheur de ses temples ruinés; je crois vous avoir déjà dit combien de fois je l’ai visitée et combien d’heures j’ai passées  à me perdre en rêveries devant ces restes sublimes du passé. Mais ce que je voulais, le rêve que je caressais[1] était d’y passer une nuit de clair de lune; ce n’était pas là une chose facile; car après le coucher du soleil les gardiens ferment les grilles comme on ferme les partes d’un musée; c’est que maintenant on la considère tout bonnement un musée et pas un lieu de poésie et de méditation où n’importe qui pourrait entrer comme on entre dans une église; du temps où mon père était jeune, l’accès en était libre tant le jour que la nuit; maintenant les temps ont changé[2]; il faut payer un billet d’entrée pendant le jour et la nuit pour forte que soit votre envie d’y aller vous ne pouvez pas. Les temps, hélas, ont changé. 

J’ai vu les hommes entrer ou sortir des maisons 
J’ai vu s’épanouir de douces floraisons 
J’ai connu les grandes lois qu’on indique par le nombre 
J’ai gravé le rocher clans les grottes les plus sombres 
Quand le vent se plaignait près des gens endormies 
J’ai pensé aux vieux dieux comme on pense aux fourmis 
Et partout où mugit la vie vagabonde 
Où les restes des vaisseaux se balancent sur les ondes. 
Un travail éternel poursuivi dans le temps 
Réunit l’aujourd’hui aux doux rêves d’antan.

[1]Nella versione a stampa Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 247) è scritto “caressai”, senza la “s” finale. Non è possibile controllare sul Manoscritto originale se l’errore è da attribuire a de Chirico.
[2] Nella versione a stampa Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 247) è scritto: «les temps sont changés». Abbiamo corretto in “ont changés”, pur nell’impossibilità di controllare il Manoscritto originale perchè ci sembra improbabile che la sostituzione dell’ausiliare “avoir” con l’ausiliare “etre” sia dovuto a de Chirico che conosceva bene la lingua francese.

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    Invité par Monsieur Dudron le jeune peintre s’assit à la table et après lui avoir demandé des nouvelles de sa santé et de la santé de ses parents et amis, il alluma une cigarette, tira quelques bouffées, eût l’air de vouloir se receuillir et enfin commença ainsi:  «

Sur l’Acropole: Come une caille

    « Enfin, l’été dernier, n’y tenant plus je me mis à penser sérieusement comment je pourrais me cacher sur l’acropole le soir, avant la fermeture, et y passer la nuit.
« Je me souvins d’avoir maintes fois observé ces insectes appelés mille-pattes, qui m’inspirent la plus grande horreur, car ils me font penser à des ordures fuyantes. Lorsqu’un de ces insectes passe sur un mur, ou une autre surface, et qu’il rencontre une tache qui lui semble avoir une couleur et une nuance pareilles aux siennes, il s’arrête et reste immobile car il sent que de cette façon il sera moins visible et espère ainsi échapper au danger qui le menace. La caille fait la même chose. Mon père qui était un grand chasseur et qui a chassé même quand il était très vieux, me disait que ce gallinacé migrateur dont la tête, comme vous me l’avez vous-même si souvent dit, cher Monsieur Dudron, est tellement inquiétante, – mon père me disait donc que ce gallinacé, quand il est posé sur un terrain dont la couleur ressemble à celle de son plumage, ne bouge pas, évite de faire le moindre mouvement, même quand le chasseur s’approche et il arrive parfois que ce dernier passe à côté de la caille sans la voir.
« C’est justement en pensant à ces curieux instincts des animaux et même des insectes, qu’il me vint l’idée de m’habiller en blanc pour être moins visible parmi la blancheur des ruines. Je me procurai donc un habit de toile blanche, des souliers blancs avec une semelle en caoutchouc, un béret blanc, et dans les poches je mis des gants de fil blanc et une boîte pleine de talc et de poudre de riz blanche. Je me rasai avec soin et, dans l’après-midi, sachant que cette nuit-là la lune serait pleine, je payai mon billet d’entrée et avec l’air le plus naturel du monde je montai sur l’acropole.
« Je commençai à me promener entre les temples et les sanctuaires ; je regardais le paysage qui s’étendait au loin, jusqu’à la mer qui miroitait à l’horizon;

Sull’Acropoli: Una quaglia

    L’estate scorsa infine, non resistendo più, mi misi a pensare sul serio come avrei potuto fare per nascondermi sull’acropoli la sera prima della chiusura e passarvi la notte.
Mi venne in mente di aver osservato molte volte quegli insetti chiamati millepiedi che mi ispirano un grandissimo orrore perché mi fanno pensare a lordure fuggenti. Quando uno di questi insetti passa su un muro o su un’altra superficie ed incontra una macchia che gli sembra abbia una tinta od un’intonazione simile alla sua, si ferma e rimane immobile perché sente che in quel modo sarà meno visibile e spera così di sfuggire al pericolo che lo minaccia. La quaglia fa la stessa cosa. Mio padre che era un grande cacciatore e che è andato a caccia anche quando era già molto vecchio, mi diceva che quell’uccello migratore la cui testa come Lei stesso, caro Signor Dudron, mi ha così spesso detto, è tanto inquietante [1]; mio padre dunque mi diceva che quell’uccello quando si posa su un terreno il cui colore rassomiglia a quello delle sue piume, non si sposta, evita di fare il minimo movimento perfino quando il cacciatore si avvicina e capita alle volte che quest’ultimo passa accanto alla quaglia senza vederla.
Fu pensando appunto a quei curiosi istinti degli animali e perfino degli insetti che mi venne l’idea di vestirmi di bianco per essere meno visibile tra il biancore dei ruderi. Mi procurai perciò un abito di tela bianca, scarpe bianche con suole di gomma, un berretto bianco, misi in tasca guanti bianchi di filo ed una scatola piena di talco e di cipria di riso bianca. Mi sbarbai con cura, e nel pomeriggio di un giorno in cui sapevo che la notte sarebbe stata luna piena, pagai il mio biglietto d’ingresso e con l’aria più naturale del mondo salii sull’acropoli.
Cominciai a passeggiare tra i templi ed i santuari; guardai il paesaggio che si stendeva in lontananza fino al mare che brillava all’orizzonte;

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30: 
    Alors n’y tenant plus je pensai de quelle façon j’aurais pu m’introduire un soir et m’y cacher sans être vu, pour y passer la nuit. Je me souvenais avoir plusieurs fois remarqué que ces insectes dont j’ai tellement peur et qui s’appellent scolopendres (vulgairement mille-pieds) quand elles fuient sur un mur pour éviter un danger, si elles rencontrent une tache qu’elles jugent d’un ton et d’une couleur semblables à eux elles s’y arrêtent car elles sentent qu’elles doivent y être peu visibles et espèrent ainsi échapper au danger; la même chose fait la caille; mon père qui était grand chasseur me racontait que cet oiseau, dont la tête est inquiétante, s’il se trouve posé sur un terrain dont la couleur ressemble à celle de son plumage il ne bouge pas même à l’approche du chasseur et il arrive parfois qu’il passe à côté d’une caille sans la voir. En pensant à ces curieux phénomènes de l’instinct chez les animaux et même chez les insectes j’eus l’idée de m’habiller en blanc pour que je fus moins visible au milieu de la blancheur des ruines et des colonnes; je cherchai donc un vêtement de marin complètement fait de toile blanche, je me rasai avec soin et me poudrai le visage et je mis dans mes poches une paire de gants blancs de fil, et un après-midi que je savais être le jour de la pleine lune je payai mon billet d’entrée et montai sur l’acropole; je commençai à flâner parmi les temples et les sanctuaires, regardant le paysage, m’intéressant aux allées et venues des touristes. J’attendais impatiemment que le temps passât et qu’arrivât l’heure[1] de la fermeture.

[1] Nella versione a stampa Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 248) il passo è riportato nel modo seguente: “Je attendais impatiemment que le temps passait et qu’arrivait  l’heure”. Si tratta di un francese linguisticamente scorretto, ma non essendo in grado di consultare il Manoscritto originale non possiamo escludere che gli errori siano dovuti a de Chirico. 

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c. cfr Appendice 9

Nota 1

A proposito della testa della quaglia e di altri inquietanti fenomeni del mondo animale si confrontino i seguenti passi di Hebdomeros:
    Et puis il craignait aussi d’ouvrir une discussion avec ses amis sur les éternelles questions de: Qu’est-ce que la vie? Qu’est-ce que la mort? La vie est-elle possible dans une autre planète? Croyez-vous à la métempsychose, à l’immortalité de l’âme, à l’inviolabilité des lois naturelles, aux fantômes prédisant l’avènement de calamités, au subconscient chez les chiens, aux rêves des hiboux, à ce que contient d’énigmatique la cigale, la tête de la caille et la peau ocellée du léopard? Il avait horreur de ce genre de discussions bien qu’au fond il se sentit instinctivement attiré par le côté énigmatique des êtres et des choses. Mais c’étaient les autres qui lui inspiraient de la méfiance, ceux qui discutaient avec lui; il craignait leur amour-propre, leur dépit, leur hystérie; il ne voulait pas réveiller chez ses amis des sentiments compliqués, d’ailleurs il craignait aussi leur admiration; tous ces: C’est formidable! C’est inouï! C’est étonnant! ne lui causaient qu’un plaisir très médiocre et finissaient par l’irriter[1].

    Le côté énigmatique, troublant et inquiétant des têtes d’oiseaux avait plus d’une fois plongé Hebdomeros en des méditations fort compliquées et souvent il lui arrivait de soliloquer métaphysiquement en pensant surtout à la tête de la caille; parmi les autres têtes d’oiseaux qui l’inquiétaient venait en premier rang celle de la poule; celle du coq l’inquiétait moins et encore moins celle de l’oie et du canard. Il considérait en général les têtes d’oiseaux comme un mauvais signe, comme quelque chose qui apporte le mal. Il pensait que les Egyptiens affublaient de têtes d’oiseaux les personnages peints ou sculptés afin de soigner homéopathiquement leurs craintes et leurs appréhensions superstitieuses: le mal par le mal. Il pensait encore que pour la même raison, en Italie, devant quelque chose qu’on craint superstitieusement on fait le signe des cornes (le diable) [2].

[1] Giorgio de Chirico, Hebdomeros, Editions du Carrefour, Paris, 1929, pp.15-16
[2] Giorgio de Chirico, Hebdomeros, 1929,  pp. 38-39

Sur l’Acropole: Un souvenir

    Je feignais de m’intéresser au mouvement des visiteurs qui, un livre à la main, regardaient les monuments, puis consultaient leur livre, puis de nouveau regardaient les monuments, tandis que sur leurs visages on lisait clairement que cela leur procurait un plaisir très relatif. C’est drôle, je me suis souvent demandé pourquoi tant de gens adultes, qui sont parfaitement libres de leurs actions et peuvent disposer comme ils veulent de leur journée, s’imposent si souvent la corvée d’aller pendant des journées entières dans les musées, à se fatiguer, à se faire venir un torticolis à force d’avoir la tête levée pour regarder des fresques ou des peintures accrochées près du plafond, et je me suis demandé également comment cela se fait que d’autres individus adultes (souvent ce sont les mêmes), qui eux aussi sont parfaitement libres et maîtres de leurs actions, s’imposent d’aller aux concerts et de rester assis pendant des heures entières, immobiles, mais visiblement fatigués et ennuyés, pour écouter d’interminables symphonies qui parfois durent même plus d’une heure.
« À ce propos je me souviens que lorsque j’étais un tout jeune garçon ma mère m’emmenait en voyage et lorsqu’on visitait une ville où il y avait un musée important on allait au musée et moi, après avoir regardé les tableaux qui ne m’intéressaient pas beaucoup je rentrais à l’hôtel complètement courbaturé comme si j’étais en proie à un accès de grippe. Mais moi alors, justement, j’étais très jeune, je ne pouvais pas faire autrement, car je devais obéir à ma mère ; si j’avais été libre de mes actes, si j’avais pu faire ce que je voulais, soyez sûr, cher ami, que je me serais bien gardé de me fatiguer de la sorte ; j’aurais plutôt passé la journée dans une pâtisserie à manger des gâteaux à la crème et des glaces au chocolat.
« Or justement, comme je vous le disais, il y a beaucoup de gens, adultes et libres de faire ce qu’ils veulent et qui comprennent la peinture peut-être encore moins que je ne la comprenais, moi, au temps où je visitais les musées avec ma mère ; ces gens par conséquent n’éprouvent aucun plaisir à regarder une peinture, pour belle et parfaite qu’elle soit et, malgré tout cela, ils s’imposent des choses pour eux désagréables, avec une discipline digne d’un meilleur but.

 

Sull’Acropoli: Un ricordo

    Finsi di interessarmi del movimento dei visitatori che, libro alla mano, guardavano i monumenti, poi consultavano il loro libro e poi di nuovo guardavano i monumenti, mentre sulle loro facce si leggeva chiaramente che ciò procurava loro un piacere molto relativo. È curioso, mi sono spesso domandato perché tanta gente adulta che è perfettamente libera delle proprie azioni e può disporre della giornata a piacimento, si imponga così frequentemente la fatica di andare per giornate intere in giro per i musei, stancandosi e facendosi venire il torcicollo a forza di tenere la testa alzata per guardare gli affreschi o le pitture attaccate al soffitto; e mi sono domandato anche come si spiega che altri individui adulti (spesso sono gli stessi) che pure sono perfettamente liberi e padroni delle loro azioni, si impongano di andare ai concerti e di starsene seduti per delle ore, immobili ma visibilmente affaticati, per ascoltare sinfonie interminabili che alle volte durano più di un’ora.
    A questo proposito ricordo che, quando ero ragazzo, mia madre mi portava in viaggio e quando si visitava una città sede di un museo importante, si andava al museo, ed io, dopo aver guardato i quadri che non mi interessavano molto, ritornavo all’albergo completamente spossato, come se fossi stato in preda ad un attacco di influenza. Ma io allora ero appunto molto giovane, non potevo fare altrimenti perché dovevo obbedire a mia madre; se fossi stato libero dei miei atti, se avessi potuto fare quello che volevo, stia pur certo caro amico, che mi sarei ben guardato di affaticarmi in quel modo; avrei piuttosto passato la giornata in una pasticceria a mangiare dolci con la panna e gelati di cioccolato [1].
Come Le dicevo dunque, c’è una quantità di gente adulta e libera di fare ciò che vuole e che comprende la pittura forse ancora meno di quanto la comprendessi io al tempo in cui visitavo i musei con mia madre; questa gente, di conseguenza non prova alcun piacere a guardare una pittura per quanto bella e perfetta possa essere, e malgrado tutto questo, questa gente si impone delle cose per essa spiacevoli con una disciplina degna di miglior causa.

Nota 1

Giorgio de Chirico, Memorie…, 1962, pp. 53-54
    Poi ebbero inizio le faticose e interminabili visite nelle chiese, nei palazzi e nelle gallerie; la sera ero stanchissimo, poiché tutto il giorno dovevo stare sempre con il capo levato per guardare le pitture e gli affreschi sicché la sera avevo una specie di torcicollo e la nuca fortemente indolenzita. I capolavori di Tintoretto, di Veronese, di Tiziano allora non li capivo come li capisco ora e li vedevo così come li vedono tutti, cioè come delle immagini colorate e delle illustrazioni, quindi a guardarle non trovavo in fondo che un piacere molto relativo. Penso che quella noia che mi fu imposta allora che ero un ragazzo, tante persone adulte d’ogni Paese e d’ogni razza, benché indipendenti e padrone delle loro azioni, se la impongono volontariamente, quello che prova l’infinita stupidità umana.
Io allora se avessi potuto fare quello che volevo, invece di andare tutto il giorno in giro per i palazzi e le gallerie e faticarmi in quel modo, avrei passato le mie giornate al caffè Florian a consumare la crema e gelati di cioccolata [1].

[1] Per i dettagli del viaggio Atene – Monaco, compreso il soggiorno Veneziano, si rimanda a Gerd Roos, Giorgio de Chirico e Alberto Savinio…1999, pp.34-53.

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