MONSIEUR DUDRON

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La nuit: La peur

    Tout à coup, Monsieur Dudron sentit un grand frisson lui parcourir le corps. « La pneumonie », pensa-t-il avec angoisse; et il se vit terrassé par la maladie, soigné par des personnes indifférentes. Il eut peur. Il rentra, ferma la fenêtre et tira les rideaux. Il se coucha après avoir eu soin de mettre sur son lit, afin d’avoir plus chaud, tous ses habits, avec son pardessus, et il ajouta encore un vieux tapis taché d’encre, qui se trouvait sur une table et sur lequel on voyait des broderies représentant des guerriers hindous qui brandissaient des torches et poussaient devant eux des éléphants. Il ajouta encore quelques vieux journaux qu’il avait trouvés au fond d’un placard. Il se coucha et bientôt la chaleur du lit le réconforta.

La notte: La paura

    Tutt’ad un tratto il Signor Dudron sentì un gran brivido percorrergli il corpo. «La polmonite» pensò con angoscia; e si vide atterrato dalla malattia, curato da persone indifferenti. Ebbe paura. Rientrò, chiuse la finestra e tirò le tende. Si coricò dopo aver avuto cura di metter sul suo letto, per aver più caldo, tutti i suoi indumenti compreso il soprabito, ed aggiunse ancora un vecchio tappeto macchiato d’inchiostro, che si trovava su un tavolo e sul quale si scorgevano dei ricami rappresentanti guerrieri indù che brandivano torce e spingevano davanti a loro elefanti. Egli aggiunse ancora qualche vecchio giornale che aveva trovato sul fondo di un cassetto. Si coricò e subito il calore del letto lo rincuorò.

Varianti

 Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    Alors Monsieur Dusdron ferma la fenêtre et se coucha après avoir mis sur son lit pour avoir chaud tous ses habits, son pardessus, un tapis taché d’encre qui se trouvait sur une table et où l’on voyait des dessins et des broderies représentant des guerriers hindous brandissant des torches et poussant devant eux des éléphants. Il ajouta encore quelques vieux journaux illustrés qu’il avait trouvé dans un vieux placard sentant le moisi. L’air de la nuit lui avait fait du bien; après s’être retourné deux ou trois fois sur sa couche il finit par s’endormir et il rêva;

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    Monsieur Dudron en suivant ses pensées, se remit au lit; pour avoir plus chaud il etendit au dessus des couvertures, qui n’étaient pas très épaisses et étaient faite d’une laine douteuse, tous ses habits, y compris les chaussettes et les souliers et y ajouta encore une espèce de vieux tapis tâché d’encre qui se trouvait sur une table, et autour duquel on voyait des dessins et des broderies qui representaient des guerriers hindoux brandissant des torches et poussant devant eux des éléphants. Il y ajouta encore quelques vieux journaux illustrés qu’il avait trouvés dans un placart d’où venait une horrible odeur de moisi. L’air de la nuit lui avait fait du bien. Après s’être retourné deux ou trois fois sur sa couche il finit par s’endormir profondément et il rêva ….

Il figlio adottivo scappa in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
Un brivido percorse la schiena del signor Dudron. – La polmonite! – pensò, e tosto ebbe paura. Si vide in quella camera miserabile, lontano da ogni parente, da ogni amico, attaccato dal male, circondato da gente rozza e indifferente. Ebbe paura. Chiuse la finestra e si coricò dopo aver messo sul suo letto, per avere più caldo, tutti i suoi abiti, il suo cappotto e un tappeto macchiato d’inchiostro che stava sopra un tavolo e dove si vedevano dei ricami raffiguranti degli indiani che agitavano delle torce e spingevano davanti a loro degli elefanti. Aggiunse ancora qualche vecchio giornale che aveva trovato in un armadio sgangherato che puzzava di muffa e di rinchiuso. L’aria della notte gli aveva fatto bene. Dopo essersi rivoltato due o tre volte nel suo letto fini con l’addormentarsi e sognò.

Une Aventure de M. Dudron,
 1945 

    Tout à coup, M Dudron sentit un grand frisson lui parcourir tout les corps. “La pneumonie”, pensa-t-il avec angoisse; et il se vit terrassé par la maladie, soigné par des personnes indifferentes. Il eut peur. Il rentra, ferma la fenêtre et tira les rideaux. Il se coucha après avoir eu soin de mettre sur son lit, afin d’avoir plus chaud, tous ses habits, avec pardessus, et il ajouta encore un vieux tapis taché d’encre, qui se trouvait sur une table et où l’on voyait des broderies représentant des guerriers hindous qui brandissaient des torches et poussaient devant eux des éléphants. Il ajouta encore quelques vieux journaux qu’il avait trouvés au fond d’un placard. Il se coucha et bientôt la chaleur du lit le réconforta.

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c. :
    Ad un tratto il Signor Dudron provò un gran brivido che gli percorse tutto il corpo. – La polmonite! – pensò con angoscia, e si vide atterrato dalla malattia ed assistito da persone indifferenti. Ebbe paura. Si ritirò dalla finestra, la chiuse e tirò le tende. Si coricò, dopo aver messo sul suo letto, per avere più caldo, tutti i suoi abiti insieme al pastrano e aggiunse anche un vecchio tappeto, macchiato d’inchiostro, che stava su un tavolo, e sul quale tappeto si vedeva una specie di ricami che raffiguravano alcuni guerrieri indiani che brandendo delle torce cacciavano avanti degli elefanti.
Aggiunse a tutto questo alcuni vecchi giornali che aveva trovato in fondo ad un armadio. Si coricò e tosto fu riconfortato dal calore del letto.

La vision du tableau

    Il se mit à regarder un tableau qui se trouvait sur un chevalet, et qui était faiblement éclairé par la bougie qu’il avait posée sur sa table de nuit. Ce tableau, qu’il avait achevé depuis quelques jours déjà, représentait une plage antique d’une beauté tranquille et solennelle. Le ciel était d’un jaune orangé et se reflétait dans la mer. L’horizon était marqué par une ligne d’un rouge flamboyant. Dans le ciel, quelques petits nuages, dont la rondeur était modelée d’ombres violettes, voguaient, épars comme des moutons au pâturage. En haut d’un rocher qui surplombait la mer, un sanctuaire faisait une tache blanche. Devant, sur la grève, entre quelques fragments de colonnes brisées, qui attestaient par leur présence la caducité des constructions humaines, se tenait un groupe; un jeune guerrier tenait par la bride un grand cheval blanc dont la queue démesurée traînait par terre comme une avalanche solide et bouclée. De l’autre côté, un vieillard athlétique, espèce d’Hercule au repos, était appuyé à un rocher et regardait au loin, sur la mer, d’un air pensif.
« Voilà, pensait Monsieur Dudron, ce qui plaît aujourd’hui le plus aux gens qui s’occupent de peinture, aux intellectuels et aux pédérastes. Pour eux, la peinture n’est qu’une question d’images. Dans l’histoire de l’art, notre époque restera sûrement célèbre pour l’ignorance de ceux qui se seront occupés de peinture. Ils ne comprennent pas que l’image ne signifie rien du tout et que la seule chose qui sauve une peinture de l’oubli, qui la valorise, qui l’immortalise, c’est sa qualité. Mais laissons de côté, continuait-il, ces questions épineuses que seul le temps pourra résoudre et replongeons-nous dans les questions métaphysiques, non pour faire plaisir à une certaine catégorie de nos contemporains, mais parce que ce côté de l’art nous attire aussi bien que l’autre. Quant au tableau qui est devant moi, est-il le souvenir d’une vie passée qui maintenant, dans l’éternel présent, se lie à ma vie? Souvenirs de ce qui fut et attente de ce qui sera ; veilles oisives ou laborieuses et toi mon bon sommeil, qui chaque nuit me prends doucement dans tes bras! Toi, mon bon sommeil, lourd et lent comme un grand fleuve! La vague où je dormirai définitivement s’approche d’âge en âge!… »
Les paupières de Monsieur Dudron devenaient lourdes ; il devait faire un effort pour tenir ses yeux ouverts. Alors il souffla la bougie, s’étira avec volupté sous les couvertures et, après s’être retourné deux ou trois fois sur sa couche, finit par s’endormir profondément; et il rêva.

La visione del quadro

    Si mise a guardare un quadro che si trovava su un cavalletto fievolmente illuminato da una candela che egli aveva posato sul tavolino da notte. Questo quadro che egli aveva finito già da qualche giorno, rappresentava una spiaggia antica d’una bellezza tranquilla e solenne. Il cielo era d’un giallo arancio e si rifletteva nel mare. L’orizzonte era segnato da una linea rosso fiammante. Nel cielo, alcune nuvolette le cui rotondità erano modellate da ombre violette, vagavano, sparse come pecore al pascolo. Dall’alto di una roccia a strapiombo sul mare, un santuario formava una macchia bianca. In primo piano, sulla spiaggia, fra qualche frammento di colonne spezzate che attestavano con la loro presenza la caducità delle costruzioni umane, vi era un gruppo; un giovane guerriero teneva per la briglia un grande cavallo bianco la cui coda smisurata strisciava per terra come una valanga solida ed ondulata. Dall’altra parte, un vecchio atletico, specie di Ercole a riposo, era appoggiato ad una roccia e guardava lontano sul mare con aria pensierosa [1].
    «Ecco, – pensò il Signor Dudron – quello che oggi piace di più alla gente che si occupa di pittura, agli intellettuali ed ai pederasti. Per essi, la pittura non è che una questione di immagini. Nella storia dell’arte la nostra epoca resterà certamente celebre per l’ignoranza di coloro che si sono occupati di pittura. Essi non capiscono che l’immagine non significa assolutamente nulla e che la sola cosa che salva una pittura dall’oblio, che la valorizza, che la rende immortale è la sua qualità. Ma lasciamo da parte – continuò egli – queste spinose questioni che solo il tempo potrà risolvere, e ripiombiamo nella questione metafisica, non per fare piacere ad una certa categoria di nostri contemporanei, ma perché, questa parte dell’arte ci attira tanto quanto l’altra.
Quanto al quadro che è davanti a me, è forse il ricordo di una vita passata che ora, nell’eterno presente, si lega alla mia vita? Ricordo di quello che fu ed attesa di quel che sarà; veglie oziose o faticose e tu, mio buon sonno, che ogni notte dolcemente mi prendi nelle tue braccia! Tu, mio buon sonno, pesante e lento come un grande fiume! Il flutto ove io dormirò definitivamente si avvicina d’età in età … ».
Le palpebre del Signor Dudron divennero pesanti; doveva fare uno sforzo per tenerle aperte. Allora soffiò sulla candela, si stese voluttuosamente sotto le coperte e, dopo essersi rigirato due o tre volte, finì per addormentarsi profondamente; e sognò.

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30
Le prime righe, qui in corsivo, sono cancellate dall’autore sul manoscritto. I numerosissimi errori di trascrizione presenti nell’edizione a stampa di “Metafisica”, Roma, Anno I, n. 1/2, dicembre 2002. p. 245, sono stati da noi corretti in base a un confronto col Manoscritto Dudron-Levy, dove questi errori di ortografia non si trovano e quindi non vanno imputati all’autore (un esempio per tutti: “veilles oisives et laborieuses”, cioè “veglie oziose e laboriose”, è trascritto “veillez”, quasi come se fosse, con un refuso, la voce verbale “veuillez” – vogliate –: motivo per cui più avanti, a p. 257, nella traduzione italiana le parole sono state omesse perché incomprensibili).

    Une image d’ailleurs hantait souvent son esprit; au commencement  il voulut se persuader qu’il s’agissait peut-être  du souvenir d’un tableau ou de quelque image qu’il avait vu une fois en ayant oublié le temps et le lieu, mais après, à cause même de l’émotion que cette image lui causait en se présentant à son esprit, il comprit qu’il s’agissait plutôt du souvenir d’une vie antérieure : il voyait une plage antique d’une beauté tranquille et solennelle ; le ciel était rouge orange et se reflétait dans le miroir de la mer qui avait la même couleur, l’horizon était marqué par une ligne d’un rouge flamboyant ; dans le ciel quelques petits nuages dont la rondeur était modelée d’ombres violettes, voguaient épars comme des moutons au pâturage ; sur un rocher un sanctuaire faisait une tâche blanche ; devant sur la grève entre quelques tronçons de colonne enfoncés dans le sable et qui attestaient par leur présence la caducité des constructions humaines, se tenait un groupe ; un jeune guerrier  tenait à la bride un grand cheval blanc dont la queue démesurée et incroyablement fournie traînait par terre ; de l’autre côté un vieillard athlétique appuyé à un rocher , espèce d’Hercule au repos regardait d’un air pensif et las au loin sur la mer, « Souvenirs de des vies passées qui dans l’éternel  présent, vous liez à ma vie » pensa Monsieur Dusdron – Souvenirs de ce qui fut et attente de ce qui sera, veilles oisives ou laborieuses, et toi mon sommeil qui chaque nuit me prends doucement dans tes bras , toi mon sommeil lourd et lent comme un grand fleuve ! La vague où je dormirai s’approche d’âge en âge. Si au moins je pourrai y dormir.

(Seguono nove righe  abolite in tutte le successive redazioni. Cfr. Appendice 2)

Manoscritto Dudron-Levy, 1936 (gli errori ortografici sono stati tutti controllati e appartengono al manoscritto):
    À côté de ce tableau cauchemaresque une autre image hantait souvent son esprit.  Au commencement  il voulu se persuader qu’il s’agissait peutêtre du souvenir d’une peinture, d’une gravure, de quelquechose qu’il avait vu une fois et avait oublié le temps et le lieu, mais après, à cause même de l’émotion que ce tableau lui procurait, il comprit qu’il s’agissait plutôt du souvenir d’une vie antérieure. Il voyait une plage antique d’une beauté tranquille et solennelle; le ciel était d’un rouge saumon et se refletait dans la mer que de petites vagues ourlaient au bord de la grève ; l’horizon était marqué par une ligne d’un rouge flamboyant ;  quelques petits nuages, dont la rondeur était modelée d’ombres violettes, voguaient, épars, comme des moutons au pâturage. Sur un rocher un temple faisait une tâche blanche contre le ciel. Devant, sur la grève, entre quelques debris de colonnes enfoncés dans le sable et qui attestaient par leur présence de la caducité des constructions humaines, se tenait un groupe ; un jeune guerrier tenait à la bride un grand cheval blanc dont la queue démesurée traînait par terre. De l’autre côté un vieillard athlétique appuyé à un rocher , espèce d’Hercule au repos regardait d’un air pensif au loin sur la mer. «Souvenirs de des vies passées qui dans l’éternel  present, vous liez à ma vie, pensa Monsieur Dudron – souvenirs de ce qui fut et attente de ce qui sera, veilles oisives ou laborieuses, et toi mon bon sommeil qui chaque nuit me prend doucement dans tes bras, toi mon sommeil qui de la mort me donne l’avant gout le plus agréable, toi mon sommeil lourd et lent comme un grand fleuve! La vague où je dormirai s’approche d’âge en âge. Si au moins je pourrai y dormir avec toi, femme de mes plus douces pensées! …..                

(Seguono tredici righe manoscritte, che sono state abolite in tutte le successive redazioni. Cfr. Appendice 2

Nota 1


Cheval et figures, 1930-1931 c.

Le rêve: C’ést sa fille

    C’était encore la nuit, mais les étoiles avaient disparu. Monsieur Dudron se trouvait dans une espèce de parc ou de jardin public d’un romantisme et d’une banalité inouïe. On y voyait des monuments en marbre ou en bronze représentant des savants, des politiciens et des généraux qui avaient rendu des services à la science ou à la patrie. Les savants et les politiciens étaient presque toujours représentés assis dans un fauteuil, avec une expression pensive et tenant d’une main un livre ou un rouleau de papier; les militaires debout, une épée à la main, regardaient au loin devant eux ; à leurs pieds, on voyait des canons fracassés et des boulets disposés en pyramide. Le lierre grimpait autour; on voyait aussi des immortelles, des ruines, des sanctuaires, de la mousse et des grottes. Par endroits, des ponts minuscules et rustiques étaient jetés sur des ruisseaux qui murmuraient doucement entre les herbes et les cailloux. Une espèce de Rialto enjambait un bassin dont les bords étaient incrustés de coquilles de moules. Par les allées sombres et désertes de ce parc, Monsieur Dudron se promenait lentement en tenant par les épaules et en pressant contre lui une fillette au regard mélancolique et intelligent. C’était l’enfant de la femme qu’il aimait. « C’est sa fille! » pensait Monsieur Dudron en rêve, et cette pensée inondait son cœur d’une douceur infinie.

Il sogno: E’ sua figlia

    Era ancora notte, ma le stelle erano scomparse, il Signor Dudron si trovò in una specie di parco o giardino pubblico d’un romanticismo e di una banalità inaudite. Si vedevano monumenti in marmo o in bronzo rappresentanti saggi, uomini politici e generali che avevano reso servigi alla scienza o alla patria. I saggi e i politici erano quasi sempre rappresentati seduti in poltrona, con una espressione pensosa, tenendo in una mano un libro o un rotolo di carta; i militari ritti in piedi, con in mano una spada, guardavano lontano dinanzi a loro; ai loro piedi si scorgevano dei cannoni fracassati e delle palle disposte a piramide. L’edera si arrampicava intorno; si vedevano pure piante di semprevivi, ruderi, santuari, muschio e grotte. In altra parte minuscoli e rustici ponti erano gettati su ruscelli che mormoravano dolcemente fra le erbe e i ciottoli. Una specie di Rialto scavalcava un bacino i cui bordi erano incrostati di conchiglie. Lungo i viali ombrosi e deserti di questo parco, il Signor Dudron passeggiava lentamente, tenendo abbracciata e stringendo a sé una ragazzina dallo sguardo melanconico ed intelligente. Era la figlia della donna che amava. «È sua figlia!» pensò il Signor Dudron nel sogno, e questo pensiero inondò il suo cuore di una infinita dolcezza.

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30: 
[…] c’était encore la nuit, mais les étoiles avaient disparu, il se trouvait dans une espèce de parc ou de jardin public d’un romantisme et d’une banalité frappantes: on voyait des immortelles, des ruines, des sanctuaires, de la mousse et des grottes; des ponts minuscules et rustiques jetés sur des ruisseaux qui murmuraient doucement et par endroits une espèce de Rialto enjambait un bassin qui offrait ses bords incrustés de coquilles de moules. Par les allées sombres et désertes monsieur Dusdron se promenait en tenant par les épaules et la pressant contre lui une fillette au regard mélancolique et intelligent; c’était l’enfant de la femme qu’il aimait; “c’est sa fille” pensait monsieur Dusdron en rêve et cette pensée inondait son cœur d’une douceur infinie.

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    C’était encore la nuit mais les étoiles avaient disparu; il se trouvait dans une espèce de parc ou de jardin public d’un romantisme et d’une banalité inouïs; on voyait des immortelles, des ruines, des sanctuaires, de la mousse et des grottes. Des ponts minuscules et rustiques étaient jetés sur des ruisseaux qui murmuraient doucement et par endroits une espèce de Rialto enjambait un bassin qui avait ses bords incrustés de coquilles de moules. –
Par les allées sombres et désertes de le parc Monsieur Dudron se promenait en tenant par les épaules et la pressant contre lui une fillette au regard mélancolique et intelligent. C’était l’enfant de la femme qu’il aimait; «c’est sa fille – pensait Monsieur Dudron en rêve et cette pensée inondait son cœur d’une douceur infinie. 

Il figlio adottivo scappa in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
Era ancora la notte ma le stelle erano sparite. Si trovava in una specie di parco, di giardino pubblico d’un romanticismo e di una banalità stupefacenti: si vedevano dei semprevivi, delle rovine, dei santuari, dell’edera e delle grotte. Dei ponti minuscoli e rustici scavalcavano dei ruscelli che mormoravano piano e di quando in quando una specie di rialto era gettato sopra una vasca di cui i margini erano incrostati di conchiglie. Per i viali oscuri e deserti di questo parco il signor Dudron passeggiava tenendo per le spalle e stringendola contro di sè una bambina dallo sguardo malinconico e intelligente: era la bambina della donna ch’egli amava: “E’ sua figlia!” pensava il signor Dudron in sogno e questo pensiero inondava il suo cuore d’una dolcezza infinita.

Une Aventure de M. Dudron, 1945: 
C’était encore la nuit mais les étoiles avaient disparu. M. Dudron se trouvait dans une espèce de parc ou de jardin public d’un romantisme et d’une banalité inouïs. On y voyait des monuments en marbre ou en bronze représentant de savants, des politiciens ou des généraux qui avaient rendu des services à la science ou à la patrie. Les savants et les politiciens étaient presque toujours représentés assis dans un fauteuil, avec un expression pensive et tenant d’une main un livre ou en rouleau de papier; les militaires debout, un épée à la main, regardaient au loin devant eux; à leurs pieds, on voyait des canons fracassés ou des boulets disposés en pyramide. Le lierre grimpait autour; on voyait aussi des immortelles, des ruines, des sanctuaires, de la mousse et des grottes. Par endroits, des ponts minuscules et rustiques étaient jetés sur des ruisseaux qui murmuraient doucement entre les herbes et les cailloux. Une espèce de Rialto enjambait un bassin dont les bords étaient incrustés de coquilles de moules. Par les allées sombres et désertes de ce parc, M. Dudron se promenait lentement en tenant par les épaules et en pressant contre lui une fillette au regard mélancolique et intelligent. C’était l’enfant de la femme qu’il aimait. “C’est sa fille” pensait M. Dudron en rêve, et cette pensée inondait son cœur d’une douceur infinie.

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.:
Era ancora la notte ma le stelle erano sparite. Il signor Dudron stava in una specie di parco, o di giardino pubblico, di un romanticismo e di una banalità incredibili.
Vi si vedevano dei monumenti in marmo o in bronzo che raffiguravano degli scienziati, dei politici, e dei generali, uomini che avevano reso servizi alla scienza e alla patria.
Gli scienziati e i politici erano sempre raffigurati seduti su [aggiunto: in] una poltrona, con espressione pensosa e con in mano un libro, o un rotolo di carta; i militari, invece, stavano in piedi, la spada nella destra e guardavano lontano davanti a loro; ai loro piedi stavano dei cannoni rotti e della palle disposte a piramide. Le piante rampicanti, l’edera, crescevano intorno; si vedevano pure delle rovine, dei santuari; del muschio e delle grotte; quà e là alcuni ponti minuscoli e rustici scavalcavano dei ruscielli che mormoravano dolcemente tra le erbe e i sassolini politi. Una specie di Rialto scavalcava una vasca di cui i bordi erano incrostati di gusci di molluschi. Per i viali oscuri e deserti di questo parco il signor Dudron passeggiava lentamente tenendo dalle spalle e stringendola contro di lui, una ragazzina dallo sguardo melanconico ed intelligente. Era la figlia della donna che gli amava. – E’ sua figlia! – pensava il Signor Dudron in sogno e questo pensiero inondava il suo cuore con una dolcezza infinita.

Le rêve: Les jouets

    Les paysages qu’il avait aimés reparurent à sa mémoire, dans le rêve. Rêve ou réalité, tout était là, tout. Jouets sortis des boîtes en carton, jouets vernis et luisants étalés sur la table de la salle à manger, par les soirs d’hiver, alors que dehors la neige met des capuchons blancs partout et que les cloches annoncent les fêtes prochaines. Guerriers en plomb coloré; maisonnettes minuscules d’une propreté sans égale; crèches et bateaux à roulettes. Toute la joie palpable et emportable, toutes les garanties de bonheur que même les dieux, oui, même ces dieux très doux aux barbes blondes et soyeuses et aux yeux qui louchent ineffablement, ces mêmes dieux à l’expression lointaine qui sourient sans rien comprendre, ces dieux qui au fond ne savent rien pour la simple raison qu’il n’y a rien à savoir, oui même ces dieux hésitent à donner et avant d’apposer leur signature absolument illisible au bas des feuilles solennelles visées par le Destin et timbrées par l’Éternité, se tortillent et se mordent la moustache d’un air préoccupé et se grattent la mâchoire sous la barbe. Mais une fois qu’on l’a, cette feuille, on peut être tranquille, et pour longtemps. Dudron le savait comme il savait qu’il rêvait. Il ne fut, par conséquent, nullement étonné quand il s’aperçut que la petite fille avait disparu et que le décor était complètement changé.

Il sogno: I giocattoli

    I paesaggi che egli aveva amato riapparvero alla sua memoria nel sogno. Sogno o realtà, tutto era lì, tutto. Giocattoli usciti da scatole di cartone, giocattoli verniciati e luccicanti sparsi sulla tavola della sala da pranzo, durante le serate d’inverno, quando fuori la neve mette dei cappucci bianchi dappertutto e quando le campane annunziano le prossime feste. Soldatini di piombo colorati; casette minuscole, linde senza pari; presepi e barche a rotelle. Tutta la gioia palpabile e trasportabile, tutte le garanzie di felicità che gli stessi dei, sì, perfino quegli dei dolcissimi dalle barbe bionde e seriche e dagli occhi che sbirciano ineffabilmente, quegli stessi dei dall’espressione lontana che sorridono senza nulla comprendere, quegli dei che in fondo non sanno nulla per la semplice ragione che non vi è nulla da sapere, sì, anche quegli dei esitano a dare, e prima di mettere la loro firma assolutamente illeggibile in fondo ai fogli solenni vistati dal Destino, e timbrati dall’Eternità, si arricciano e si mordono i baffi con aria preoccupata e si grattano la mascella sotto la barba. Ma una volta che lo si ha questo foglio si può essere tranquilli e per parecchio. Il Signor Dudron lo sapeva come sapeva di sognare. Non fu, di conseguenza niente affatto sorpreso quando s’accorse che la bambina era sparita e che lo scenario era completamente cambiato.

 

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
    Les paysages qu’il avait aimés reparurent dans sa mémoire, rêve ou réalité, tout était là, tout. Jouets sortis des boîtes de carton, jouets vernis et brillants et étalés sur la table de la salle à manger; ailleurs de plomb; maisonnettes minuscules; crèches et bateaux à roulette; toute la joie palpable et emportable; toutes les garanties de bonheur que [1] même les dieux, même ces dieux très doux aux barbes blondes et soyeuses et aux yeux qui louchent ineffablement, ces mêmes dieux au regard lointain qui sourient sans rien comprendre, ces dieux qui ne savent rien, hésitent à donner et avant d’apposer [2] leur signature indéchiffrable au bas des feuilles solennelles visées par le destin et timbrées par l’Eternité, se tordillent et se mordent la moustache et se grattent la mâchoire sous la barbe d’un air pensif. Mais une fois qu’on l’a, on peut être tranquille; Monsieur Dusdron le savait, c’est pourquoi il s’assit sans méfiance aucune sur le banc, malgré la chaleur qui pesait partout, malgré cette angoisse causée par le désœuvrement du dimanche et la tristesse du jour d’été.

[1] Il confronto col Manoscritto Dudron – Levy indica che la trascrizione corretta è “que” e non il “qui” figurante nella versione a stampa Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 242).
[2] Trascritto come “opposer” (opporre) nella versione a stampa Monsieur Dusdron (“Metafisica”, N.1-2, 2002, p. 242).  

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    Les paysages qu’il avait aimés reparurent dans sa mémoire; rêve ou réalité tout était là, tout. Jouets sortis des boîtes en carton; jouets vernis et enrubannés; jouets étalés sur la table de la salle-à-manger. Artilleurs de plomb; maisonettes minuscules meublées et eclairées; crèches et bateaux à roulettes, toute la joie palpable et emportable, toutes le garanties de bonheur que même les dieux, oui même ces dieux très doux aux barbes blondes et soyeuses et aux yeux qui louchent ineffablement, ces dieux au regard lointain qui sourient sans rien comprendre, ces même dieux qui ne savent rien pour la simple raison qu’il n’y a rien à savoir, hésitent à donner et avant d’opposer leur signature illisible au bas des feuilles sollennelles visées par le Destin et timbrés par l’Éternité, se tortillent et se mordent la moustache et se grattent le menton sous la barbe d’un air pensif et indécis. Mais une fois qu’on l’a cette feuille on peut être tranquille; Monsieur Dudron le savait, c’est pourquoi il s’assit sans méfiance aucune sur le banc, malgré la chaleur qui pesait partout, malgré cette vague angoisse causée par le désœuvrement du dimanche et la tristesse du jour d’été. 

Il figlio adottivo scappa in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
I paesaggi che egli aveva visti riapparvero nella sua memoria. Sogno o realtà! Tutto stava lì. Giocattoli tirati fuori da scatole di cartone, giocattoli verniciati e brillanti posati sul tavolo della camera da pranzo. Artiglieri di piombo, casette minuscole; greppie e bastimenti che corrono sulle rotelle. Tutta la gioia palpabile e trasportabile, tutte le garanzie di felicità che persino gli dei, sì, persino gli dei, questi dei dalle barbe bionde e fini come la seta e dagli occhi ineffabilmente strabici, persino quegli dei che sorridono senza capire nulla, quegli dei che non sanno proprio niente, esitano a dare e prima di apporre la loro firma indecifrabile in fondo a quegli stampati solenni, vistati dal Destino e timbrati dall’Eternità, si avvicinano nervosamente e si mordicchiano i baffi e si grattano la mascella sotto la barba, con aria imbarazzata e pensierosa. Il signor Dudron lo sapeva, e per questo sedette senza diffidenza sulla panca, malgrado il calore che pesava ovunque, malgrado quell’angoscia causata dall’inoperosità della domenica e l’infinita tristezza della giornata estiva. 

Une Aventure de M. Dudron, 1945: 
    Les paysages qu’il avait aimés reparurent dans sa mémoire, dans le rêve. Rêve ou réalité, tout était là, tout. Jouets sortis des boîtes en carton, jouets vernis et luisants étalés sur la table de la salle à manger, par les soirs d’hiver, alors que dehors la neige met des capuchons blancs partout et les cloches annoncent les fêtes prochaines. Guerriers en plomb coloré; maisonnettes minuscules d’une propreté sans égale; crêches et bateaux à roulettes. Toute la joie palpable et emportable, toutes les garanties de bonheur qui même les dieux, oui, même ces dieux très doux aux barbes blondes et soyeuses et aux yeux qui louchent ineffablement, ces mêmes dieux à l’expression lointaine qui sourient sans rien comprendre, ces dieux qui au fond ne savent rien pour la simple raison qu’il n’y a rien à savoir, qui, même ces dieux hésitent à donner et avant d’apposer leur signature absolument  illisible au bas des feuilles solennelles visées par le Destin et timbrées par l’Eternité, se tortillent et se mordent la moustache et d’un air préoccupé se grattent la mâchoire sous la barbe. Mais une fois qu’on l’a, cette feuille, on peut être tranquille, et pour longtemps. M. Dudron le savait comme il savait qu’il rêvait. In ne fut, par conséquent, nullement étonné quand il s’aperçut que la petite fille avait disparu et que le décor était complètement changé.

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.: 
    I paesaggi che gli erano tanto, piaciuti apparvero di nuovo nella sua memoria. Sogno o realtà, tutto stava là, tutto. – – – – – 
Giocattoli tirati fuori dalle scatole di cartone, giocattoli verniciati e lucenti, sparsi sul tavolo della camera da pranzo, nelle notte d’inverno, quando fuori la neve mette cappucci bianchi ovunque e le campane annunciano le feste vicine. Guerrieri di piombo colorato, casette minuscole, di una nettezza incredibile, presepi e barche con le ruote. Tutta la gioia che si può palpare e portare via, tutte le garanzie di felicità che persino gli dei, sì, persino quegli dei tanto dolci, dalle barbe bionde e morbide come la seta e dallo sguardo ineffabilmente losco, quegli stessi dei dall’espressione lontana, che sorridono senza capir niente [aggiunto: nulla], quegli dei che dopo tutto non sanno nulla per il semplice motivo che non vi è nulla da sapere, si, quegli stessi dei esitano a dare e prima di apporre la loro firma assolutamente illegibile sui fogli solenni vistati dal destino e timbrati dall’eternità, si arricciano e si mordicchiano i baffi e con aria preoccupata si grattano la mascella sotto la barba.
[aggiunto: Però] Una volta che lo si ha quel foglio si può star tranquilli e per molto tempo. Il signor Dudron lo sapeva, così come sapeva che in quel momento sognava. Pertanto non fu per nulla sorpreso quando s’accorse che la ragaeeina era sparita e che lo scenario era completamente cambiato.

L’apparition de la mère 

    Des buis arborescents dont la chaleur exacerbait l’amer parfum, étaient l’unique parure d’une gorge sombre et humide où murmurait sonore l’eau fougueuse des torrents froids. Et, tout à coup, une oasis. L’horizon s’était élargi. De grands arbres nouaient leurs frondaisons feuillues et faisaient la ronde sur de vertes pelouses où le fleuve, enfin assagi, déroulait ses guirlandes d’argent. Au-dessus de ce paysage inattendu, près d’une petite cascade qui semblait sourdre d’un roc, un autel, un bloc de marbre blanc avec une draperie d’un jaune orangé très tendre jetée dessus et retombant jusqu’à terre en plis classiques, et, au pied de l’autel, des roses et des branches de laurier. La mère de Monsieur Dudron était là, sous l’aspect qu’elle avait quand elle était jeune ; elle était là, assise sur le gazon tendre, dans une pose tranquille et résignée de prière et de méditation; elle était très belle; elle avait l’aspect d’une femme de la Bible. Dans le ciel, une aurore éclatante éclairait le monde d’une lumière diffuse d’où les ombres avaient disparu. Monsieur Dudron, avançant avec effort, comme s’il avait eu des entraves aux pieds, voulait s’approcher de sa mère, mais le décor changea une autre fois. II était midi. Le soleil brillait sur la campagne couverte de blés jaunes. Tout au loin, la bâche d’une voiture glissait lentement. Une torpeur s’étalait dans l’air. Pas un cri d’oiseau, pas un bourdonnement d’insecte.

L’apparizione della madre

    Bossi arborescenti di cui il calore esacerbava l’amaro profumo, erano l’unico ornamento di una gola ombrosa ed umida dove mormorava sonora l’acqua impetuosa dei torrenti freddi. E poi, all’improvviso, una oasi. L’orizzonte s’era allargato. Grandi alberi intrecciavano i loro rami fronzuti che facevano il girotondo sul verde prato dove il fiume, finalmente rinsavito, sciorinava le sue ghirlande d’argento. In questo paesaggio inatteso, vicino ad una piccola cascata che sembrava scaturire da una roccia, vi era un altare, un blocco di marmo bianco con un drappo di un giallo arancio tenerissimo che lo copriva e cadeva fino a terra in pieghe classiche; ai piedi dell’altare vi erano sparse delle rose e rami di lauro. La madre del Signor Dudron era là, con l’aspetto che ella aveva quand’era giovane; stava seduta sull’erbetta tenera, in una posa tranquilla e rassegnata di preghiera e di meditazione; era molto bella, sembrava una donna della Bibbia. Nel cielo una chiarissima aurora illuminava il mondo di una luce diffusa dalla quale le ombre erano sparite. E il Signor Dudron, avanzando faticosamente, come se avesse ostacoli ai piedi voleva avvicinarsi a sua madre, ma la scena cambiò ancora una volta. Era mezzogiorno. Il sole splendeva sulla campagna coperta di grano giallo. In lontananza la capotta di una vettura scivolava lentamente. Un torpore si spandeva nell’aria. Non un canto d’uccello, non un ronzio d’insetto [1].

Varianti

Manoscritto Dusdron, metà anni ’30:
   Voilà que Monsieur Dusdron poussé par la curiosité s’avança à travers les coulisses et chercha à voir sur la scène de ce théâtre étrange. Les buis arborescents, dont la chaleur exacerbe l’amer parfum sont l’unique parure d’une gorge sombre et humide où murmure sonore l’eau fougueuse des torrents froids. Et tout-à-coup, une oasis. L’horizon s’est élargi. De grands arbres nouent leurs frondaisons feuillues et font la ronde sur de vertes pelouses où le fleuve enfin assagi déroule ses guirlandes d’argent. Au-dessus de ce parc inattendu, près d’une petite cascade qui semble sourdre d’un roc, un sanctuaire tout blanc. La mère de Monsieur Dusdron était là dans l’aspect qu’elle avait quand elle était jeune; elle était là assise sur le gazon tendre dans une pose de méditation; elle avait l’aspect d’une femme biblique. Dans le ciel une aurore éclatante éclairait le monde d’une lumière diffuse où les ombres n’existaient pas. Puis le décor changea. C’était midi. Le soleil brillait sur la campagne couverte de blés jaunes. Tout au loin la bâche d’une voiture glissait lentement. Une torpeur s’étalait dans l’air – pas un cri d’oiseau, pas un bourdonnement d’insecte.

Manoscritto Dudron-Levy, 1936:
    Poussé par la curiosité il s’avança à travers les coulisses poussiéreuses et chercha à voir sur la scène de cet étrange theâtre. Des bois arborescents, dont la chaleur exacérbait l’amer parfum, étaient l’unique parure d’une gorge sombre et humide où murmurait, sonore, l’eau fougeuse d’un torrent froid. Et, tout-à-coup, une oasis! L’horizon s’était élargi. De grands arbres nouaient leurs frondaisons feuillues et faisaient la ronde sur de vertes pelouses ou un fleuve assagi déroulait ses guirlandes d’argent. Au dessus de se paysage inattendu, près d’une petite cascade qui semblait sourdre d’un roc, se dressait un sanctuaire tout blanc dont l’entrée était jonchée de roses et de branches de laurier. La mère de Monsieur Dudron était là dans l’aspect qu’elle avait quand elle était jeune. Elle était là, assise dur le gazon tendre dans une pose de receuillement et de méditation; elle avait l’aspect d’une femme biblique. Tout autour s’étondait une tranquillité et un silence impréssionants. Dans le ciel une aurore eclatante eclairait le monde d’une lumière diffuse qui supprimait totalement les ombres. Puis le décor changea. C’était midi. Le soleil brillait sur la campagne couverte de blés jaunes. Tout au loin la bâche d’une voiture glissait lentement. Une torpeur s’étalait dans l’air; pas un cri d’oiseau, pas un bourdonnement d’insecte … 

Il figlio adottivo scappa in Avventura del signor Dudron. Capitolo di Giorgio de Chirico (“Corriere Padano” 21 dicembre 1941):
   Ecco che ora il signor Dudron, spinto dalla curiosità, si avanza a traverso le quinte e cerca di vedere sulla scena di quello strano teatro. Un vischio arborescente, di cui l’amaro profumo era esasperato dalla canicola, era l’unico ornamento d’una gola oscura e umida ove mormorava sonora l’acqua/l’ondaimpetuosa dei torrenti freddi. Ed a un tratto un’oasi! L’orizzonte si è allargato. Dei grandi alberi uniscono le loro fronde fitte e fanno la ronda su dei verdi prati ove il fiume, finalmente tranquillato, svolge le sue ghirlande d’argento. Di sopra a questo parco inaspettato vicino ad una cascata che sembra scaturire da una roccia, ecco un santuario, tutto bianco! La madre del Signor Dudron sta lì, con l’aspetto che ella aveva quando era giovane. Sta lì, seduta sull’erbetta tenera in una posa di meditazione; ha l’aspetto di una donna biblica. Nel cielo un’aurora splendente rischiara il mondo con un luce diffusa di cui ogni ombra è sparita.
Poi la scena cambia ancora. Era mezzogiorno. Il sole brillava sulla campagna coperta di grano maturo. In lontananza il copertone di una vettura scivolava lentamente. Un grande torpore pesava ovunque. Non un grido d’uccello, non un ronzio d’insetto…

Une Aventure de M. Dudron, 1945:
    Des buis arborescents dont la chaleur exacerbait l’amer parfum, étaient l’unique parure d’une gorge sombre et humide où murmurait sonore l’eau fougueuse des torrents froids. Et, tout à coup, une oasis. L’horizon s’était élargi. De grands arbres nouaient leurs frondaisons feuillues et faisaient la ronde sur de vertes pelouses où le fleuve, enfin assagi, déroulait ses guirlandes d’argent. Au-dessus de ce paysage inattendu, près d’une petite cascade qui semblait sourdre d’un roc, un autel, un bloc de marbre blanc avec une draperie d’un jaune orangé très tendre jetée dessus et retombant jusqu’à terre en plis classiques, et, au pied de l’autel, des roses et des branches de laurier. La mère de Monsieur Dudron était là, sous l’aspect qu’elle avait quand elle était jeune; elle était là, assise sur le gazon tendre, dans une pose tranquille et résignée de prière et de méditation; elle était très belle; elle avait l’aspect d’une femme de la Bible. Dans le ciel, une aurore éclatante éclairait le monde d’une lumière diffuse d’où les ombres avaient disparu. Monsieur Dudron, avançant avec effort, comme s’il avait eu des entraves aux pieds, voulait s’approcher de sa mère, mais le décor changea une autre fois. C’était midi. Le soleil brillait sur la campagne couverte de blés jaunes. Tout au loin, la bâche d’une voiture glissait lentement. Une torpeur s’étalait dans l’air. Pas un cri d’oiseau, pas un bourdonnement d’insecte. 

Dattiloscritto Evangelisti, 1963 c.: 
    Dei cespugli arborescenti, di cui il profumo era esasperato dal caldo, erano l’unico ornamento di una gola [aggiunto: umida] tra le roccie oscure, umida e ove si sentiva il mormorio sonoro dell’acqua impetuosa dei torrenti freddi.
Ed ecco ad un tratto un’oasi. L’orizzonte s’era allargato. Dei grandi alberi annodavano le loro fronde e facevano una specie di girotondo sui verdi prati ove il fiume, finalmente più tranquillo, snodava le sue ghirlande d’argento.
Sopra a questo inatteso paesaggio, presso una piccola cascata che sembrava sorgere da una roccia, si vedeva un altare; un blocco di marmo bianco con un drappeggio di un giallo arancione tenerissimo buttato sopra e che ricadeva fino a terra in classiche pieghe e, ai piedi dell’altare, delle rose e rami d’alloro.
La madre del Signor Dudron stava là, con l’aspetto che aveva quando era giovane; stava là seduta sull’erba tenera in un atteggiamento tranquillo e rassegnato di preghiera e di meditazione; era molto bella, aveva l’aspetto di una donna della Bibbia. 
Nel cielo splendeva una aurora che rischiarava il mondo di una luce diffusa da cui le ombre erano sparite. Il Signor Dudron, avanzando con fatica, come se avesse avuto delle catene [aggiunto: dei ceppi] ai piedi, voleva approssimarsi a sua madre, ma la scena cambiò ancora una volta. 
Era mezzogiorno. Il sole brillava sulla campagna coperta di grano maturo. In lontananza si vedeva la parte superiore di un carretto che scivolava lentamente. C’era nell’aria un gran torpore. Non un grido di uccello, non un ronzio di insetto.

Nota 1

L’apparizione della madre e l’incapacità di avvicinarla in sogno hanno un loro corrispettivo nelle Memorie della mia vita, dove de Chirico racconta il periodo trascorso a New York, (agosto 1936 – gennaio del 1938), durante il quale: “[…] e precisamente nel giugno del 1937, ricevetti la tristissima notizia che la mia buona mamma era morta. Già parecchi mesi prima, mio fratello mi aveva scritto che la salute della nostra mamma peggiorava e il sentirmi allora così lontano da lei, con quell’oceano enorme di mezzo, mi addolorava profondamente. Una notte vidi un sogno; sognai che mi trovavo in Grecia, in una campagna vicino ad Atene; vedevo quegli alberi e quelle piante che avevo visto nella mia infanzia ed il luogo ove mi trovavo in sogno era un luogo ove allora andai una volta a dipingere un paesaggio con un amico, mio coetaneo. Vedevo in sogno gli ulivi ed i pini così come allora, al tempo della mia lontana infanzia e vedevo, tra gli alberi, la parte posteriore di una chiesetta dipinta di colore rosa, di cui scorgevo la sporgenza della piccola abside ed una porticina laterale, così come le avevo viste e dipinte tanti anni prima. Ad un tratto, tra gli ulivi, apparve mia madre che si approssimò alla chiesetta; volli andarle incontro, ma non potevo muovermi, volli chiamarla, ma mi mancava la voce; un grande affanno, una grande angoscia mi stringeva il cuore. Vidi mia madre, che sembrava molto vecchia, tutta piccola, curva, debole, e malferma sulle gambe, così come mi era rimasta nella memoria dall’ultima volta che la vidi a Parigi. Vidi mia madre che passò come un’ombra presso l’abside della chiesetta e poi approssimò alla porticina laterale e sparì. Mi svegliai angosciato e piangente e col terribile pensiero che mia madre era morta proprio in quel momento: infatti quando, circa dieci giorni dopo, lessi la lettera di mio fratello in cui mi annunciava che nostra madre non c’era più, confrontando la data della lettera con quella del sogno e tenendo anche conto della differenza dell’ora tra l’America e l’Europa, capii che era stato proprio così.” [1]
Per quanto le somiglianze tra i due passi non siano molto stringenti, si potrebbe pensare che anche la visione raccontata nel Manoscritto Dusdron sia in relazione con la morte della madre. Ciò permetterebbe di datare il Manoscritto alla seconda metà del 1937.

[1] Giorgio de Chirico, Memorie…,1962, pp.148-149.

 

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