MONSIEUR DUDRON

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  « Les peintres modernes sont pleinement d’accord avec cette théorie, qui pour eux est très commode, tandis que les peintres académiques et mondains disent, avec raison d’ailleurs, que ce mépris pour la ressemblance est dû à l’incapacité des peintres modernes de réussir à l’obtenir. 
    « Ce que disent les modernes, qu’un portrait doit être une interprétation spirituelle de la personne portraiturée, c’est tout simplement une échappatoire qui sert à tourner la difficulté qu’il y a à faire un portrait ressemblant. 
    « Moi, naturellement, je n’accepte pas l’idée que la spiritualité en peinture soit une invention des modernes. Dans la grande peinture la spiritualité existe toujours comme un phénomène inséparable de l’art. Un phénomène qui prend des formes multiples, vu la variété et la complexité des phénomènes mêmes de l’esprit. 
    « Ladite intention qu’ont les modernes de se détacher de la réalité, en la remplaçant par quelque chose d’autre, est un effort aussi absurde qu’inutile. La réalité ne peut exister en peinture, car en général elle n’existe pas sur la terre. L’univers est uniquement notre représentation. L’uniformité avec laquelle cette représentation, ou vision, se reflète dans le cerveau des hommes, dépend uniquement de l’uniformité des capacités intellectuelles des hommes en général, de ceux qui constituent le gros de l’humanité. Par conséquent il est naturel que l’artiste de talent, l’homme qui se détache de la masse, doive remplacer la vision ou compréhension conventionnelle du monde visible, la vision courante des choses par une vision propre à lui seul, par une vision plus parfaite créée par ses possibilités exceptionnelles. C’est avec ces visions nouvelles et différentes, c’est avec la compréhension plus profonde qu’ont les grands artistes pour les choses qui sont autour de nous, c’est avec ces visions et représentations exceptionnelles qui influencent et déteignent peu à peu sur les représentations et visions des hommes courants, qu’a été créée, à travers les siècles, la civilisation. 
    « Le gros de l’humanité est formé d’hommes moyens qui, de père en fils, se transmettent les représentations conventionnelles du monde. Cette compréhension, admise et conventionnelle, des phénomènes de l’univers se modifie et se transforme graduellement grâce aux hommes de génie qui nous montrent les autres aspects, pour nous encore inconnus, des idées et des choses. La ressemblance dans un portrait dépend de l’exactitude et de la justesse du dessin et je suis tout à fait convaincue que les portraits faits par les maîtres anciens, tout en étant des chefs-d’œuvre (ce qui veut dire qu’ils sont la plus haute expression de la spiritualité) ressemblent parfaitement aux personnes qui ont posé. 
    « Lorsque le portrait est bien dessiné il doit être l’image exacte de la personne qui a posé comme modèle et, en même temps, le portrait doit être une œuvre d’art c’est-à-dire avoir une haute qualité picturale comme ont, en général, tous les bons tableaux. 
    « Un portrait exige une grande connaissance et maîtrise du dessin. La moindre erreur de dessin dans un portrait change l’expression, change même les traits d’un visage. Peindre un portrait est un travail difficile et qui exige l’emploi d’une matière et d’un matériel infiniment supérieur aux toiles préparées au kilomètre et aux couleurs en tube qu’on trouve aujourd’hui chez les marchands. Peindre un visage est un travail difficile et compliqué qui justement exige ces moyens picturaux que possédaient les anciens maîtres et qui permettaient à l’artiste cette exécution de tout premier ordre dont aujourd’hui on a perdu jusqu’au souvenir. C’est pour cela qu’aujourd’hui tant de peintres modernes se vouent avec ardeur à la nature morte et au paysage, mais non à des natures mortes à la Jordaens ou à la Chardin, ou à des paysages à la Poussin ou à la Rubens. 
    « La fatalité a voulu qu’au moment où les bourgeois sont devenus les principaux acquéreurs de peinture à la place des aristocrates et d’autres personnages éminents, parmi les peintres les artistes de grand talent sont devenus extrêmement rares. Les génies n’ont pas voulu naître à une époque de transition et d’impréparation artistique du nouveau public qui s’intéressait à l’art. 
    « Les hommes sortis de ces changements sociaux devaient être instinctivement attirés vers les inventions matérielles de l’esprit humain et, en effet, l’homme depuis environ la moitié du siècle dernier s’est surtout préoccupé de et a travaillé au progrès du développement industriel et mécanique et non au progrès de la culture. La brusque disparition du sens artistique devint presque générale et se propagea même dans les milieux des personnages éminents et haut placés, de ces personnages mêmes qui par leur atavique tradition, ou par leur situation exceptionnelle, auraient dû avoir et conserver plus que tout autre individu l’amour et la compréhension de l’art. 
    « Louis David a été le dernier grand peintre qui a peint des portraits de personnages illustres. Après lui le portrait officiel a perdu la place qu’il a eue dans l’art à travers les siècles. Ingres n’a pas peint de portraits de personnages haut placés parce qu’ils ne comprenaient pas son œuvre. Delacroix et Courbet considéraient Napoléon III et son entourage incapables de comprendre leur peinture. En effet, comme il résulte des témoignages de l’époque, Napoléon III n’avait aucune sympathie pour la peinture de ces deux grands artistes. Ainsi les portraits officiels ont été de plus en plus souvent commandés aux peintres académiques, car les personnages haut placés, les chefs d’Etat, les rois, les princes, les papes commandaient leurs portraits d’une façon mécanique et nullement par intérêt et amour pour la peinture. 
    « Le portrait officiel devrait reprendre la place, artistiquement importante qu’il a eue dans le passé, et à laquelle il a droit. Il ne faut pas que les images banales, auxquelles ont été réduits à notre époque les portraits de personnages éminents, fassent oublier aux hommes qu’avant les grands de ce monde étaient les modèles d’artistes de génie et ont stimulé la création d’œuvres d’une inestimable valeur artistique.»

    Monsieur Dudron s’arrêta un moment de lire tandis que son ami faisait de grands gestes d’approbation et de satisfaction. Puis son ami dit : « Que tout cela est juste, mon cher Dudron ! Ce qui m’étonne est que ceux qui aujourd’hui écrivent tant de pages sur la peinture, soit ancienne soit moderne, ne puissent écrire eux aussi quelque chose d’aussi clair, d’aussi logique ; quand je lis ou écoute ce que dit Isabella Far sur la peinture ou sur d’autres questions de l’art et de la pensée humaine, je sens comme une poésie, comme un lyrisme supérieur qui se dégage de ces pages où rien n’est laissé au hasard, où tout est d’une clarté surprenante et où tout jaillit sous l’emprise d’une logique harmonieuse. 
    – Oui, mon ami, répondit Monsieur Dudron, je suis absolument d’accord avec vous; cet écrit à propos des portraits est un vrai chef-d’œuvre mais avant d’aller nous coucher je vais vous lire l’autre écrit sur les natures mortes, qui est encore plus beau. Attention je commence : 
    « Les natures mortes
    « La nature morte a dans la langue anglaise et dans l’allemande, un autre nom, beaucoup plus beau et beaucoup plus juste ; ce nom est still-life et stilleben : vie silencieuse. Il s’agit, en effet, d’une peinture qui représente la vie silencieuse des objets et des choses, une vie calme, sans bruit et sans mouvement, une existence qui s’exprime par le volume, la forme et la plasticité.

    I pittori moderni sono pienamente d’accordo su questa teoria che per essi è molto comoda, mentre i pittori accademici e mondani dicono, e con ragione, che questo disprezzo della rassomiglianza è dovuto all’incapacità dei pittori moderni di ottenerla.
   
Quello che dicono i moderni, che un ritratto deve essere cioè una interpretazione spirituale della persona ritratta, è semplicemente una scappatoia che serve a eludere la difficoltà che comporta un ritratto rassomigliante. 
    Io, naturalmente, non accetto lo idea che la spiritualità nella pittura è un’idea dei moderni
    Nella grande pittura la spiritualità esiste sempre come fenomeno inseparabile dell’arte. È un fenomeno che prende forme multiple, come prova le varietà e la complessità degli stessi fenomeni dello spirito. 
    La cosidetta intenzione che hanno i moderni di staccarsi dalla realtà, sostituendola con qualche cosa d’altro, è uno sforzo tanto assurdo quanto inutile. La realtà non può esistere nella pittura perché in generale non esiste sulla terra. L’universo è unicamente una nostra rappresentazione. L’uniformità con la quale questa rappresentazione, o visione, si riflette nel cervello degli uomini dipende unicamente dall’uniformità delle capacità intellettuali degli uomini in genere, di coloro che formano il grosso dell’umanità. Di conseguenza è naturale che l’artista di talento, l’uomo che si stacca dalla massa, debba sostituire la visione o comprensione convenzionale del mondo visibile, la visione corrente delle cose, con una visione propria a lui soltanto, con una visione più perfetta, creata dalle sue possibilità eccezionali. È con queste visioni nuove e differenti, con la comprensione più profonda che hanno i grandi artisti per le cose intorno a noi, è con queste visioni e rappresentazioni eccezionali che influenzano o trasformano a poco a poco le rappresentazioni e visioni degli uomini comuni, che è stata creata, attraverso i secoli, la civiltà. 
    Il grosso dell’umanità è formato da uomini medi che, di padre in figlio, si trasmettono le rappresentazioni convenzionali del mondo. Questa comprensione comunemente accettata e convenzionale dei fenomeni dell’universo si modifica e trasforma gradualmente grazie agli uomini di genio che ci mostrano gli altri aspetti, per noi ancora sconosciuti, delle idee e delle cose. La rassomiglianza in un ritratto dipende dall’esattezza e precisione del disegno, ed io sono assolutamente convinta che i ritratti fatti dai maestri antichi, pur essendo capolavori (il che vuol dire che essi sono la più alta espressione della spiritualità), fossero perfettamente somiglianti alle persone che hanno posato. 
    Se il ritratto è ben disegnato, esso deve essere l’immagine esatta della persona che ha posato come modello, e nello stesso tempo, il ritratto deve essere un’opera d’arte, vale a dire, avere un’alta qualità pittorica come l’hanno, in generale, tutti i buoni quadri. 
    Un ritratto esige una grande conoscenza e maestria del disegno. Il minimo errore di disegno in un ritratto cambia l’espressione, cambia perfino i tratti di un viso. Dipingere un ritratto è un lavoro difficile che esige l’impiego di una materia e di materiale infinitamente superiori alle tele preparate a chilometraggio e ai colori in tubetti che si trovano oggi dai commercianti. Dipingere un viso è un lavoro difficile e complicato che esige appunto quei mezzi pittorici che possedevano i maestri antichi e che permettevano all’artista quella esecuzione di primissimo ordine di cui oggi si è perduto il ricordo. È per questo che oggi tanti pittori moderni si dedicano con ardore alla natura morta ed al paesaggio, ma non a nature morte alla Jordaens o alla Chardin, o al paesaggio alla maniera di Poussin o di Rubens. 
    La fatalità ha voluto che nel momento in cui i borghesi sono diventati i principali acquirenti di pittura in sostituzione degli aristocratici e degli altri personaggi eminenti, tra i pittori gli artisti di grande talento siano diventati estremamente rari. I geni non hanno voluto nascere in questa epoca di transizione e di impreparazione artistica del nuovo pubblico che si interessava di arte. 
    Gli uomini usciti da questi cambiamenti sociali dovevano essere istintivamente attirati verso le invenzioni materiali dello spirito umano, ed infatti l’uomo da circa la metà del secolo scorso si è sopratutto preoccupato ed applicato con profitto per il progresso dello sviluppo industriale e meccanico e non per il progresso della cultura. La brusca sparizione del senso artistico divenne pressoché generale e si estese anche all’ambiente dei personaggi eminenti ed altolocati, di quei personaggi che per tradizione atavica o per la loro posizione eccezionale avrebbero dovuto avere e conservare più di ogni altro individuo l’amore e la comprensione dell’arte.
   
Jacques-Louis David è stato l’ultimo grande pittore che ha dipinto ritratti di personaggi illustri. Dopo di lui il ritratto ufficiale ha perduto il posto che aveva avuto nell’arte attraverso i secoli. Ingres non ha dipinto ritratti di personaggi altolocati per la mancanza di comprensione che quei personaggi avevano per la sua opera. Delacroix e Courbet consideravano Napoleone III ed il suo ambiente incapaci di comprendere la loro pittura. Infatti, come risulta dalle testimonianze dell’epoca, Napoleone III non aveva alcuna simpatia per la pittura di quei due grandi artisti. Così i ritratti ufficiali sono stati sempre più ordinati ai pittori accademici perché i personaggi altolocati, i capi di Stato, i re, i principi, i Papi desideravano ritratti fatti meccanicamente e non avevano né interesse né amore per la pittura. 
    Il ritratto ufficiale dovrebbe riprendere il posto artisticamente importante che ha avuto nel passato ed al quale ha diritto. Bisogna evitare che le immagini banali alle quali i ritratti di personaggi eminenti sono state ridotte nella nostra epoca, facciano dimenticare agli uomini che prima i grandi di questo mondo erano i modelli degli artisti di genio e che essi hanno stimolato la creazione di opere di inestimabile valore artistico». 

    Il Signor Dudron smise per un momento di leggere mentre il suo amico faceva grandi gesti di approvazione e di soddisfazione. Poi l’amico disse: «Come è giusto tutto questo, mio caro Dudron! Quello che mi meraviglia è che coloro che oggi scrivono tante pagine sulla pittura, tanto antica quanto moderna, non siano capaci anche loro di scrivere qualche cosa di altrettanto chiaro, di altrettanto logico; quando leggo o ascolto ciò che dice Isabella Far sulla pittura ed intorno ad altri problemi dell’arte e del pensiero umano, mi sembra di sentire come una poesia, come un lirismo superiore che si sprigiona da quelle pagine dove niente è lasciato al caso, dove tutto è di una chiarezza sorprendente e scaturisce sotto l’impulso di una logica armoniosa». 

    «Sì, amico mio, – rispose il Signor Dudron – io sono assolutamente d’accordo con Lei; questo scritto sui ritratti è un vero capolavoro; ma prima di andare a dormire, vorrei leggerLe l’altro scritto sulle nature morte che è ancora più bello. Attenzione, comincio … 
    Le nature morte
    La natura morta ha, in Inglese ed in Tedesco, un altro nome, molto più bello e molto più giusto; questo nome è Still-life e Stilleben: vita silenziosa. Si tratta infatti di una pittura che rappresenta la vita silenziosa degli oggetti, una vita calma, senza rumore e senza movimento, un’esistenza che si esprime con il volume, la forma e la plasticità.

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